La cuisine

recettes, ustensiles et chansons traditionnelles (français-portugais)

 

 

          Jeu et conception Anne-Marie Marques

            Durée 45mn

 

 

Tout commence par une déambulation au milieu des légumes installés au sol dans l'espace d'accueil du public. D'abord, il faut poser son manteau, se déchausser. Puis, on regarde, on touche, on caresse, on presse. C'est une dînette géante. Il y a aussi les couverts et les assiettes « pour faire semblant ». Quelqu'un approche. C'est une femme. Elle traîne un caddie. Elle épluche des carottes, les donnent à goutter en se déplaçant parmi le public, sème du riz dans les chaussures délaissées ou sur les pieds, caresse les mains du public avec de minuscules haricots secs, ou encore, elle prend un bain de pieds dans une bassine pleine de lentilles crues. C'est le temps de la découverte. Dans le silence parsemé de quelques chants fredonnés, on fait connaissance les uns avec les autres, on fait connaissance avec des aliments et leurs textures.

Puis, nous sommes invités au spectacle de celle qui, juchée sur ses escarpins, découvre et redécouvre sa cuisine. L'espace de jeu est un cercle, celui d'une nappe en toile cirée. Le public est installé au sol sur de longues nappes en demi- cercle. Réinventant l'usage à faire des ustensiles, la cuisinière se fait belle, chante, mijote. Dans « sa cuisine », elle parle peu. Elle écoute le poste de radio ou de la musique.

On tend l'oreille vers le bruit que font les cuillères ou les coquilles d'œufs qui se fendent. Le saucisson devient perle à collier, le chat dort au fond de la marmite, la farine s'envole en tempête recouvrant une forêt de fourchettes. Et puis quand

tout se calme, la musique revient, les invités arrivent, A TABLE ! et que tourne le manège.

 

« Avec la cuisine j'ai tenté de rompre avec l'image que l'on se fait (que je me fais) de la femme et de la mère qui se doit d'être efficace dans sa cuisine pour nourrir les siens. La cuisinière du spectacle, cuisine d'abord pour elle-même.  Il faut commencer par monter sur la table… Comment faire ? J'escalade. Je vais peut-être tomber. Tiens ! une passoire ! c'est bien pour faire un chapeau...

Le spectacle est construit de sorte qu'il soit laissé une place à l'improvisation, à l'aléatoire. Tout  (ou presque) peut arriver selon les interventions du public ou les dispositions dans lesquelles je suis. Du point de vue du jeu d'acteur, il s'agit de lâcher prise (comme dans le travail d'improvisation). Un certain nombre d'objets et de denrées sont à ma disposition sur et autour de la table, je sais que je dois réaliser un certain nombre de scènes, je ne sais pas précisément comment je glisserai de l'une à l'autre. Cela dépendra de l'interaction avec le public. J'ai voulu cette construction, d'une part pour signifier l'invention, le processus de création. – De la même façon que le cuisinier invente de nouvelles recettes ou que l'enfant invente un nouveau jeu avec ses jouets ou les objets qu'il trouve. L'un et l'autre ne savent pas à l'avance quelle sera la chose accomplie. D'autres part, ce processus permet à l'enfant (et aux adultes qui l'accompagnent) de ne pas être figé dans le rôle du spectateur. Il agit directement sur le spectacle qui se construit devant et avec lui. Les scènes préalablement construites s'appuient sur des sensations, des émotions, des souvenirs liés aux textures, aux sons, aux saveurs ou encore aux odeurs. Plus que jamais dans ce spectacle, il s'agit pour moi, d'aborder l'intime et de laisser à chacun la possibilité d'y cheminer ».

AM Marques.

 

 



01/01/2006