Bonjour, comment ça va

Théâtre, poèmes, gestes et  objets du quotidien

Tout public dès 3 ans


Desnos Queneau Bérimont Vincensini Albaut… Et quelques autres

Mise en scène et interprétation Anne-Marie Marques



                    


Le jeu consiste à dire, ou à raconter avec des poèmes, en sautant de l'un à l'autre comme on change de conversation, sans autres raisons que celles de la surprise et du plaisir d'avoir des rimes dans la bouche.

Parfois aussi, l'utilisation soudaine de cuillères qui traînent, un pied de table qui ressemble à une trompette, ou encore une souris qui dort dans ma chaussette, me font rebondir et m'entraînent vers d'autres mots, d'autres rimes.

À moins que ce ne soit l'envie de manger une tartine, ou celle de me remplir la bouche de bombons chamalo  pour jouer à prononcer autrement.

Ce spectacle repose sur l'intimité et la musicalité des mots plutôt que sur la recherche du spectaculaire. Ainsi les mots deviennent des sons, les syllabes des notes qu'on laisse partir en roulades, tambours, berceuses, et autres amusements.

 

La poésie nous aide à vivre, en mettant des mots sur ce qui nous entoure et sur ce que nous éprouvons. Par ses allitérations, ses rythmes, ses rimes, la poésie n'est rien d'autre, pour moi, qu'une caresse auditive. Il m'est donc apparu naturel que cette caresse accompagne l'enfant dès les premières années de sa vie. Dire la poésie, c'est donner du plaisir. Solliciter l'oreille par la richesse des modulations vocales, par le débit de la parole, y compris le silence, et par la variété des inflexions de la voix. En ce qui concerne les jeux de nourrice que j'utilise (rengaines, formulettes, jeux de doigts), Ils ont très souvent la fonction de nommer les parties du corps et du coup d'en délimiter les contours. Je ne peux alors m'empêcher de penser aux massages tels qu'ils sont pratiqués pour permettre au nouveau-né de faire l'expérience de ses limites corporelles, ou encore le bercement. Je rejoins là, la notion de caresse, de plaisir liés au corps et au son.  AM Marques 


    

Pourquoi la petite enfance

Par Anne-Marie Marques, directrice artistique des arrosoirs, auteur, metteur en scène, comédienne.

 

« Ce que j'interroge au travers du travail et de la création en direction du très jeune enfant, c'est l'intime. Comment on fonctionne de l'intérieur. Ou, pour dire autrement, que sont nos états intérieurs et, comment nous passons d'un état à l'autre. J'aime appelé cela le sensible, le non nommable, la sensation. Je pense que ceux-ci fabriquent notre pensée et constitue une mémoire des sens, une sorte d'armature qui nous permet de grandir ou d'être tout simplement, et ce, quel que soit notre âge. Le très jeune enfant, parce qu'il est dans la découverte et la construction, me semble en permanence traversé  par des états intérieurs différents, contradictoires. Il  se débat comme il peut contre ces assauts d'émotions en réagissant de façon très pulsionnelle à ce qu'il voit, entend, éprouve. C'est cette disposition à être traversé par les émotions qui rejoint ma préoccupation de l'intime. Par ailleurs, mais pour les mêmes raisons, le petit enfant a une grande capacité à accueillir les diverses représentations du monde qui lui sont offertes. Il n'a pas peur de la surprise, puisque tout est pour lui, sujet à la surprise, à la nouveauté. Il découvre un point c'est tout. On pourrait dire, alors, que ce qui relève pour nous de l'inattendu est souvent pour lui émerveillement. C'est la raison pour laquelle, il nous offre, à nous créateurs, un large champ d'inventions : « On dirait que …tout est possible ».

Pour autant, notre responsabilité quant à ce que nous proposons est grande. Le regard que nous portons sur le monde au travers de nos créations, ne peut souffrir ni  la complaisance, ni  l'outrage, encore moins la manipulation. Nous sommes mis en demeure d'oser être créateurs, c'est-à-dire de rechercher notre propre singularité sans faux-semblants. Ceci oblige à une totale sincérité du geste artistique sans chercher à captiver (= rendre captif). J'aime que l'enfant garde son libre-arbitre, qu'il s'approprie selon son rythme et son histoire, la proposition qui lui est faite. Il s'agit toujours pour moi de tenter de permettre à ce public et à ceux qui l'accompagnent d'observer autrement (je l'espère) et intimement le monde. C'est à lui, à partir de ce qu'il est, de faire cette observation.

J'espère toujours que chacun soit un peu renvoyé à ce qu'il y a de plus intime en lui, que cette reconnaissance, cette acceptation de soit au travers de l'art nous aide à grandir, à être, à vivre le monde ».


       






0 Poster un commentaire